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Management de transition - Interview de Christophe de Rolland promo 1984

27 juin 2020 Portrait de diplômés
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Christophe de Rolland, promo 1984, est manager de transition. Il nous présente son métier qu'il exerce avec passion depuis quelques années

Propos recueillis par Delphine de Ghellinck

 

Quelles ont été les grandes étapes de ta carrière après l’ESSCA ?

A la sortie de l’école, j’ai suivi « une voie classique » : Marketing opérationnel et Marketing Produit. Ensuite « de l’international » : Développement, Directions Internationales et Direction de filiales à l’étranger en Europe, et pour finir 2 Directions Générales dans la lunette et le luxe.

Les entreprises étaient de toute taille opérant dans des environnements professionnels très variés (distribution, retail, restauration, services, luxe, coopérative…)

Des noms que vous connaissez peut-être : 7UP, Philip Morris, Calvet, Playtex, Sara Lee, Manoukian, LL Design (L’Amy ), Lanvin, Chloé, Smalto, …

Pendant cette période, jusqu’en 2008, je suis toujours intervenu dans des environnements complexes : lancement, sorties « du rouge », lbo, introduction sur le marché boursier, cessions, …et j’ai vécu des situations de croissance, décroissance, réorganisation et retournement.

 En 2008, je quitte Smalto et je prends la direction de 3 sociétés du groupe Cauval, groupe qui était sous procédure de sauvegarde.

Pourquoi, comment et quand es-tu devenu Manager de Transition (MdT) ?

C’est là en 2008, chez Cauval que j’ai découvert (par hasard) le métier de manager de transition. Je savais que c’était une mission, même si elle n’en n’avait pas le nom et qu’il y avait un début à l’histoire et que je ne savais pas combien de temps l’aventure allait durer : 18 mois au final.

A ce jour j’ai effectué 7 missions, et prêt à repartir demain. C’est aussi une des caractéristiques du métier !

Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ce métier ?

La définition de Wikipédia est très claire :

Le management de transition, c’est une solution managériale qui consiste à confier provisoirement la direction d’une organisation, d’une entreprise, d’une filiale, d’un département ou d’une branche à un dirigeant opérationnel externe, généralement pour amorcer un projet de transformation ou accompagner une période de changement.

Peux tu nous présenter le marché du MdT ?

Tout d’abord c’est une activité qui a été créée en Europe du Nord et qui n’est arrivée qu’au début des années 2000 en France.

Au début, il fallait évangéliser et les premières missions ont été réalisées dans l’industrie qui reste le principal vivier des missions mais depuis une dizaine d’années les services s’y sont mis ainsi que la distribution.

Désormais nous avons une quarantaine d’EMT (entreprises de management de transition) qui interviennent sur ce marché (ils couvrent environ 70% du marché) désormais structuré sous l’égide d’une fédération « France Transition » qui est né en 2019 (hier) et qui a été le résultat du regroupement en la FNMT et le SNMT.

Des associations font aussi partie de « France Transition » comme Amadeus Executives, réseau de professionnels aguerris du Management de Transition dont je fais partie

A quels besoins répond le MdT ?

Remplacement d’un poste stratégique, résolution d’une difficulté opérationnelle, lancement d’une nouvelle activité, optimisation de vos process, croissance organique…
Pour toutes ces transformations et pour franchir avec succès ces étapes qui viennent bouleverser le quotidien des entreprises, une solution existe : le management de transition.

Le Management de transition aide les entreprises à franchir des caps à des moments décisifs, pour des résultats rapides, mesurables et efficaces.

A quel genre d’entreprises s’adresse le MdT ?

Toutes les entreprises sont concernées mais compte-tenu des coûts d’intervention, ce sont principalement des PME importantes, des ETI et des Grandes Entreprises (mais certains managers opèrent parfois pour plusieurs start-ups)

Quelles opportunités pour les intervenants ?

Un 1ère chose à savoir, tous les MdT ont en général au moins 50 ans, il s’agit donc de la deuxième voire la troisième partie de sa vie professionnelle. C’est donc une option pour continuer à exercer à haut niveau dans les entreprises. Mais c’est un vrai métier où on distingue les cadres Managers de Transition et les Managers en Transition.

Quel profil et quelles sont les compétences pour devenir MdT ?

Tous les Managers de Transition ont occupé des positions dans des Codir, comex ou autres conseils de surveillance ou même actionnaires.

Pourquoi ? parce que la plupart du temps dans la mission que vous occupez, vous avez déjà eu des responsabilités équivalentes à la personne qui vous a donné le mandat. Cela vous permet de mieux comprendre ses attentes.

Autre point important : vous êtes de passage, vous ne faites pas carrière, vous êtes là pour une mission et rien que pour la mission (même si parfois certains managers ne résistent pas à l’appel du CDI surtout après 55 ans…)

Encore un point important, vous n’êtes pas consultant, vous êtes dans l’arène et aux manettes.

Au niveau des compétences, bien sûr une expérience solide acquise dans plusieurs entreprises. Une mono-carrière ne facilite pas ce type de métier.

Et surtout beaucoup de savoir être, car vous vous retrouverez généralement dans des situations pas toujours faciles où vous aurez besoin de sang froid et de savoir prendre du recul.

Y-a -t-il des « spécialités » ?

Pour les spécialités les plus demandées, RH, SI, DAF, Directeur Industriel, DG

Peux tu nous donner quelques exemples de missions ?

Difficile de répondre de façon conquise. Vous voulez voir des exemples de missions, allez sur les sites des EMT et vous en verrez de très nombreux

Je vous en donne 5, mais ce n’est en aucun cas exhaustif.

  • Mission de redressement d’un site industriel dans l’univers du recyclage
  • Structuration d’un environnement industriel dans le cadre du lancement d’une nouvelle gamme en industrie agro-alimentaire
  • Remplacement d’un DAF dans le retail textile suite à une fusion et au départ de ce dernier de façon non prévisible
  • Reprise d’une direction générale d’une filiale internationale dans le métier de l’assurance
  • Une que j’ai faite récemment : prise de la direction d’un réseau de magasins d’une filiale d’un groupe coopératif agro-alimentaire

Quelle est la durée approximative d’une mission ?

En général les missions durent entre 5 et 9 mois mais c’est une moyenne et cela ne veut pas dire grand-chose. Parfois vous avez un renouvellement de durée ou parfois une nouvelle mission au sein de la même entreprise. Dans mon cas, mes missions ont eu une durée de 6 à 18 mois et une moyenne de 12.

Quelles sont les difficultés de ce métier ?

Lorsque vous êtes Manager de Transition vous êtes toujours en situation « non pérenne », c’est une des principales difficultés pour soi mais aussi pour son entourage. Par exemple, lorsque vous êtes en mission, vous pouvez être loin de votre domicile, vous n’êtes pas là forcément le weekend et vous travaillez à 200%. Quand vous n’êtes pas en mission, vous êtes 100% avec votre entourage, présent « voire collant » - 😊

Pour apprécier ce métier il faut équilibrer au mieux sa vie personnelle et professionnelle et avoir un lieu pour pouvoir se ressourcer sans contrainte.

Les changements de rythme peuvent être éprouvants à juste titre.

As-tu des craintes particulières par rapport à la crise que nous venons de traverser ?

Des craintes, bien entendu. Nous venons de vivre une crise sans précédent sociale et économique et malheureusement ce n’est pas fini.

Par contre, il est clair (sans se réjouir bien évidemment) que ce type d’environnement et de situations que nous vivons est favorable quant au métier de Manager de Transition pour ceux qui sont spécialistes dans les opérations de redressement et/ou de retournement opérations liées aux Tribunaux de commerce

As-tu encore des liens avec l’ESSCA et les ALUMNI ?

Au début de mon expérience professionnelle, oui. Ensuite cela est devenu très compliqué car j’ai travaillé à l’international pendant plus de 25 ans et je n’étais que peu disponible. J’ai repris contact récemment car mon métier me permet d’avoir quelques moments de calme et donc de disponibilité.




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