L'Esprit des Lieux : Les Racines Angevines

 

Premiers locaux de l'ESSCA à Angers, rue Merlaye de la Boulaye

 

La dématérialisation est un concept en vogue. À l’heure du « e-learning », de la vidéo conférence et d’Internet, d’aucuns prophétisent la mort des structures établies et prônent l’avènement d’un nomadisme généralisé.

C’est confondre ici la fin avec les moyens.

Une école comme tout organisme vivant a besoin de racines. Elles définissent à la fois ses repères, son espace et au final, son identité. L’ESSCA, ne déroge pas à cette règle. Aujourd’hui, l’École se décline sur une pluralité de sites, mais paradoxalement Angers, son berceau initial, conserve toute son importance et continue à se développer de manière spectaculaire.

C’est cette histoire désormais séculaire qu’il nous faut vous conter à présent.

Le Palais de l’Université Catholique de l’Ouest a été construit à la fin du second Empire et achevé en 1875 par l’architecte diocésain René-Eugène DUSSOUCHAY sur les terrains des anciennes pépinières d’André

LEROY (1801-1875), don de son gendre Edouard LORIOL DE BARNY, futur et très éphémère maire d’Angers. Le Palais Universitaire de style néo-classique a été bâti grâce à des souscriptions, des dons et des contributions imposées aux communautés religieuses.

En 1909, l’UCO offre à notre Institution naissante un abri provisoire au deuxième étage de son Palais Académique, avant qu’elle soit par la suite accueillie au Couvent des dominicains, puis fasse retour Place André Leroy. Conditions spartiates s’il en est, l’Université met alors à sa disposition deux amphithéâtres ainsi qu’un bureau !

 

 

 

L’École y abrite trente années durant et autant de promotions ses deux années de cursus ainsi que ses cours complémentaires.

Alors que la seconde guerre mondiale semble sur le point d’éclater, le Directeur, secondé matériellement par l’Association des anciens, a décidé depuis longtemps de la construction d’un bâtiment où l’École serait désormais dans ses meubles et dans ses murs.

Bien lui en a pris, car après la défaite, les Allemands réquisitionnent et occupent une grande partie de « la Catho. »

Ainsi à la toute fin 1939, les élèves franchissent le nouveau porche sommé du blason de Mgr l’Evêque d’Angers. L’Etablissement dispose de ses propres locaux dans un bâtiment situé à l’angle des rues Rabelais et Merlet-de-la-Boulaye, au numéro 8, sur un terrain situé dans l’enceinte de l’UCO, à l’arrière de son parc.

L’immeuble, qui a coûté 800 000 anciens francs, est loué par l’École à la Société Immobilière des Facultés Libres de l’Ouest, propriétaires du terrain. Le loyer annuel en est de 20 000 francs, l’Établissement prenant à sa charge les dépenses de chauffage, d’éclairage et de service. La nouvelle École bénéficie par ailleurs d’un agréable ensemble cour et jardin de 500 m2. Les infrastructures quant à elles, se résument en tout et pour tout à quatre salles de cours, une bibliothèque et deux bureaux !

C’est Byzance pour les 70 élèves peu habitués à tant de commodités, mais qui voient leurs effectifs gonfler très rapidement à 101, du fait de l’exode de 1940 et des « cours repliés », et même à 118 en englobant les cours spéciaux !

Cette construction subira deux agrandissements en 1953 puis 1956, qui doubleront la surface des locaux, du fait de la croissance des inscriptions et du passage de deux à trois années d’études décidé en 1952, et réalisé à titre facultatif à partir de l’année 1954 pour les étudiants en cours de cursus.

 

 

Inauguration en présence de Roselyne BACHELOT, Conseillère Générale de Maine-et-Loire ; Hubert GRIMAUD, Député de Maine-et-Loire ; Jean SAUVAGE, Président du Conseil Général de Maine-et-Loire ; Olivier GUICHARD, Président du Conseil Régional des Pays de la Loire et Jean MONNIER, Maire d'Angers.

Dans le but de financer ces aménagements, de l’ordre de 26 millions d’anciens francs, l’Association des Anciens Elèves de l’ESSCA, sous l’égide de l’UCO, lance un emprunt à 4 % auprès de ses membres. 400 obligations de 5 000 francs sont émises pour six ans à dater du 1er janvier 1954.

Telle qu’elle se présentait en 1969 au moment de son transfert, l’École comportait en plus une belle et spacieuse entrée, une salle de dactylographie et un bureau supplémentaire.

Le premier bail signé en janvier 1940 courait jusqu’à fin 1964. A cette époque, le développement de l’École et le fait que la ville veuille racheter une partie du terrain afin d’élargir la Rue Rabelais, rendent impératifs le déménagement et la reconstruction sur un nouveau site. Les locaux sont donc cédés à l’ESEO. Un terrain de pâture de 2,92 ha situé à « La Forêt » sur la commune de Beaucouzé est préempté en septembre 1966. Il est englobé dans la zone du nouveau campus universitaire que la ville d’Angers crée alors à Belle-Beille, et à ce titre l’École bénéficie d’un prix très avantageux.

Auparavant, pour réaliser cet achat et percevoir les subventions de la ville et du département qui cautionne une partie des emprunts, il est toutefois nécessaire de créer une Association dont le statut juridique permette la transaction. Car a loi de 1875 autorise les facultés à créer des Écoles, mais celles-ci n’ont pas la personnalité juridique. La loi de 1901 en revanche, permet la création d’Associations à caractère non lucratif avec une personnalité juridique.

C’est chose faite : les statuts de l’Association ESSCA sont déposés le 23 août 1967 et enregistrés au JO le 3 septembre suivant. L’Association est gérée par l’Université Catholique de l’Ouest, la Chambre de Commerce d’Angers, les professeurs, les étudiants, ainsi que les anciens élèves.

Fin juillet 1968 est retenu le projet de construction rue Lakanal. Les plans ont été établis par l’architecte MORNET en collaboration avec l’équipe dirigeante sortante COCARD-POURRIAS. Le coût total du projet est de 3,663 millions de francs, dont 2,1 millions d’emprunts qui pèseront assez lourdement sur le budget de l’École au cours des années suivantes. D’autant qu’il n’est pas question d’augmenter le prix de la scolarité. De fait, les élèves n’ont pas droit aux bourses d’Etat à cette époque car l’École ne bénéficie pas encore du statut de la reconnaissance.

La construction est rapidement achevée et à la rentrée 1969, l’ESSCA intègre ses nouveaux locaux.

Jacques de LATROLLIERE qui a finalisé le dossier avec le nouveau Directeur d’alors Jean LOTTE (1967/1974) nous en offre une description fidèle : « Trois mille mètres carrés sur un seul niveau ordonnés autour d’un patio convivial. Un grand amphi, trois autres de moindres dimensions et les jouxtant, une petite quinzaine de salles de travaux de groupe ; sans oublier la bibliothèque, un laboratoire de langues, une salle de dactylographie et en sous-sol, une grande salle de gym ; enfin une aile pour l’équipe des permanents et la Direction. L’ensemble est harmonieux et nous y sommes au départ très au large avec moins de 200 élèves qui peuvent ainsi annexer, pour des activités étudiantes, des pièces non utilisées. »

Avec cette promotion de 71 étudiants, débute le nouveau cycle de quatre années d’études destiné à diversifier et à approfondir certains enseignements de toute première importance, notamment l’informatique, le marketing, les langues également grâce à un premier laboratoire, tandis qu’une part plus importante est dévolue aux stages en entreprise pour lesquels l’ESSCA se révèle un établissement pionnier entre tous. La quatrième année a pour finalité de permettre aux étudiants une élaboration plus précise de leur projet professionnel.

L’expansion de l’École amène à la construction d’une aile nouvelle qui prolonge la salle du conseil en 1975.

Lorsque l’École célèbre ses 75 années d’existence, il lui faut répondre à une demande sans cesse croissante, preuve de sa notoriété, tout en maintenant la qualité de son recrutement. La sélectivité du concours d’entrée, loin de nuire, attire bien au contraire. Les candidats au nombre de 212 en 1969 sont passés progressivement à 1 433 en 1982, 2 022 en 1983, puis 2 522 en 1984, 3 022 en 1985, 3 613 en 1986 et 3 862 en 1987. Cette augmentation très importante justifie des promotions graduellement plus nombreuses. Mais passer de 110 à 150 étudiants n’est pas sans conséquences et implique de fortes adaptations en moyens humains, en matériel et en locaux.

 

 

En 1984, grâce à l’édification d’une autre aile du côté du parc, deux salles de cours et cinq bureaux nouveaux permettent de parer au plus pressé.

Mais les orientations stratégiques de l’École nécessitent des travaux d’une tout autre ampleur. Si les projets portent prioritairement sur l’amélioration de la formation initiale, ils comportent également d’autres objectifs et non des moindres : des actions de formation spécifiques au service des entreprises, des formations de troisième cycle et de spécialisation, ainsi qu’une augmentation des échanges internationaux de l’établissement.

Confrontée à un environnement économique en pleine mutation, l’École décide en conséquence de se donner les moyens de répondre pleinement aux attentes des entreprises en optimisant la qualité de la formation. Un cadre élargi, plus en rapport avec des ambitions nouvelles s’impose désormais. En juin 1987, le Président du conseil d’administration Philippe CESBRON-LAVAU et le Directeur Général Michel CASTE-BALLEREAU (1980/90) donnent le coup d’envoi d’une extension des bâtiments à hauteur de 3500 m2. Le bâtiment « Jean MONNET », navire amiral de l’École conçu par le cabinet ROLLAND d’Angers, est livré en un temps record. Symbolique de la croissance de l’École est l’apparition de l’ascenseur dans l’établissement. L’inauguration avec lasers, hologrammes et musique de Jean-Michel JARRE a lieu le 5 novembre 1988 et laisse un souvenir impérissable aux élèves alors présents. Le bilan des travaux d’extension de l’École fait apparaître un montant de 26,1 millions de francs dont 11 millions financés par la ville d’Angers, le Conseil Général et le Conseil Régional, et 30 % par l’emprunt.

Les promotions passent de 130 à 180 étudiants et le nombre d’élèves à 530 en 1988 puis 600 en 1989.

 

 

Show laser pour l’inauguration du bâtiment Jean Monet en 1988

 

Ouest-France, dans son édition du 6 novembre 2001, revient sur l'inauguration de la nouvelle extension, en présence de Jean-Claude ANTONINI, Maire d'Angers, de François FILLON, Président du Conseil régional des Pays de la Loire, de André LARDEUX, Président du Conseil général du Maine-et-Loire et de Jean-Pierre BERNHEIM, Président de l'ESSCA.

Le renforcement de la structure nationale et internationale du Groupe dans la première moitié des années 90, avec la création du site parisien et l’implantation hongroise, sans parler d’ESIAME-Cholet, ne ralentissent en rien la croissance du campus angevin, bien au contraire. Ainsi le 21 octobre 1992, Sébastien FLUTE, médaillé d’Or Olympique au Tir à l’Arc à Barcelone honore-t-il de sa présence les festivités inaugurales du nouvel espace accueil et des terrains aménagés.

L’adoption du nouveau cursus en cinq ans à la rentrée 1998, et le caractère novateur de son architecture, dans le paysage des Écoles de commerce française, précipitent une triple reconnaissance : celles des élèves qui plébiscitent en masse l’Etablissement, celle des recruteurs pour lesquels l’ESSCA devient la référence, et enfin celle des labels qui sanctionnent l’excellence des programmes et du travail accompli. L’ESSCA s’impose comme la première École de Commerce après-Bac en cinq ans. Reconnaissance implicite de ce succès, on s’applique désormais à copier sa formule...

Compte-tenu de la fréquentation sans cesse accrue et des impératifs de qualité associés, il se révèle une fois encore, indispensable d’étendre ses infrastructures. Un nouveau bâtiment de 2 500 m2 vient enrichir le site angevin en 2001.

Aujourd’hui, près de 5 200 bacheliers tentent le concours d’entrée de l’ESSCA, pour 420 places disponibles à répartir à égalité sur les deux sites angevin et parisien du Groupe (Cf. « Paris ») 210 étudiants intègrent donc leur première année à Belle-Beille. Quant aux parisiens, ils accomplissent impérativement leur troisième année à Angers. La capacité d’accueil atteint de nouveau ses limites avec 2 400 étudiants et auditeurs d’entreprise présents sur le campus.

Aussi en septembre 2009, l’École s’agrandit-elle de façon tout à fait remarquable. 4 400 m2 d’espaces nouveaux sont proposés aux étudiants ainsi qu’au personnel. Un bâtiment respectant les normes Haute Qualité Environnementale accueille 21 salles de cours dont huit amphithéâtres, 40 bureaux et des espaces accueil, chaque local bénéficiant du matériel « high-tech » le plus approprié. Il s’agit une fois encore d’une réalisation de l’architecte angevin Frédéric ROLLAND. Le site étendu d’un quart environ est portée à plus de 17 000 m2. Le coût des travaux de 9 millions d’euros est supporté en grande partie par les partenaires institutionnels de l’École, la Ville, le Département et la Région s’impliquant chacun à hauteur de 2,2 millions d’euros, soit 6,6 millions au total.

 

 

La nouvelle extension inaugurée en septembre 2009 dispose de 19 salles de cours et amphithéâtres