Jacques DE LATROLLIÈRE

 

Jacques de LATROLLIÈRE est né le 5 mars 1926 à Paris. Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de la capitale, autrement dit « Sciences Po », il devient Secrétaire Général de l’École le 1er septembre 1967, tout en y assurant les cours d’histoire économique et sociale. Le tout nouveau Directeur Jean LOTTE (1967/74), ayant décidé de ne pas remplacer le poste de l’Abbé POURRIAS, cumule alors ses fonctions avec celles de Directeur des Études. Du coup, une partie du travail revient au Secrétaire Général, chargé par ailleurs de la comptabilité et des contentieux administratifs. Ses fonctions en font aussi le grand ordonnateur des concours d’entrée qu’il organise chaque année avec brio. Si en 1967 ce sont quelques 200 candidats qui se pressent devant les portes de la rue Merlet de Laboulaye, dix-neuf ans plus tard, pour sa dernière épreuve, ils sont désormais 3 613 à tenter d’obtenir le fameux ticket d’entrée de l’ESSCA, sise à présent rue Lakanal...

On l’aura compris, M. de LATROLLIÈRE personnifie à lui seul une époque charnière, celle d’une transition double, à la fois géographique, il aura connu successivement les deux sites de l’École d’Angers et de Belle-Beille, mais avant tout structurelle ayant été au premier chef, l’un des artisans du développement de l’établissement et de sa profonde mutation. De fait, si l’ESSCA comptait 162 élèves à son intégration en 1967, on en dénombrait plus de 500 à la date de son départ en 1986.

De 1980 à 1986, il assume les fonctions de Directeur du Premier cycle et des examens.

Les réalisations dont on ait le plus à s’enorgueillir sont généralement celles qui nous dépassent ou nous survivent. En ce sens, emblématique est la création en 1978 de « Fondation ESSCA » dont il est à l’origine et qui définit bien les préoccupations de solidarité qui étaient les siennes, et la cohérence entre ses initiatives et ses idées. La formule était là-encore en avance sur son temps, à l’heure où ce débat agite les Grandes Écoles, et où tout un chacun expérimente des solutions d’exonérations, de bourses, de fondations spécifiques, de formules d’emprunt et autres prêts d’honneur censés alléger la charge financière des moins pourvus. Jacques de LATROLLIÈRE devait devenir le premier Président de l’Association en 1978, siège qu’il accepterait à nouveau d’occuper, plus tard dans les années 90.

Deux décennies durant il aura donc œuvré sans relâche au service de l’École, lui insufflant au-delà de sa compétence unanimement reconnue, un enthousiasme communicatif qu’il savait à l’évidence parfaitement transmettre à tous les étudiants.

De ce point de vue, l’enquête préliminaire lancée auprès des anciens dans l’optique de la célébration de ce centenaire se révèle des plus éclairantes. Un plébiscite, une avalanche d’éloges et de superlatifs ! Impossible de les citer tous. Un petit florilège en donne le ton : « Un grand bonhomme » pour la promotion Ford (1967/70), « Une sacrée personnalité » selon Alix de MALARTIC (promo 1982), « Un subtil équilibre d’autorité naturelle, d’humour et de grande culture, qui ne se prenait pas au sérieux et que l’on respectait naturellement, en clair un Monsieur ! » assure Marc CROUTON (promo 1981) « personnalité marquante par sa classe et son humanisme » écrit Patrick MOREAU (promo 1981). Bref, sa modestie devrait-elle cruellement en souffrir, il fait l’unanimité. Pas une fausse note. « L’élégance morale de l’homme de cœur », pour paraphraser la lettre d’un autre ancien, avait su gagner l’estime des 22 promotions successives qu’il aura eu à cornaquer, soit tout de même 1600 étudiants au total ! 23 ans après son départ, le souvenir est resté intact et peu ont oublié l’interlocuteur prévenant et bienveillant qu’il était et qu’il n’a d’ailleurs jamais cessé d’être.

À la mi-1986, devait s’interrompre sa collaboration. Il allait toutefois reprendre du service en 1991 en qualité de Conseiller auprès de la Direction.

Il a depuis apporté le concours de son précieux savoir à la composition de la plaquette anniversaire intitulée « Quatre- vingt-dix ans de l’histoire de l’ESSCA », dont il est aux 3⁄4 le rédacteur.

C’est que Jacques de LATROLLIÈRE s’est fait depuis plus de quarante ans l’historiographe incontournable de l’École, celui sans lequel, tout chercheur serait probablement bien en peine d’aborder avec quelque crédibilité que ce soit, le passé de l’ESSCA. Il en est l’un des dépositaires privilégiés, la mémoire vivante, et une mémoire ô combien généreuse, n’hésitant jamais à communiquer à l’occasion ses copieuses archives privées. Ce modeste ouvrage leur doit beaucoup. Qu’il en soit remercié ici très chaleureusement. Toute personne intéressée et désireuse de bénéficier de ses lumières devrait consulter en priorité ses « Propos sur l’Origine de l’École Supérieure des Sciences Commerciales d’Angers », une communication pénétrante faite à l’Académie d’Angers le 11 mai 1984 et dont une version légèrement remaniée avait paru dans le Bulletin de l’Association des Anciens de l’ESSCA, à l’occasion des 75 ans de l’École, en mars de la même année.