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Philippe Marchand tire sa révérence …

16 octobre 2020 Vie de l'école
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Au sein du Réseau ESSCA Alumni, nous avons l’habitude de qualifier ce qui nous lie encore des années après notre départ de l’école, « d’esprit ESSCA ».

Cet esprit de corps, cet attachement à ces années étudiantes s’est constitué progressivement tout au long de nos études. Pour ce faire, il y a notamment des « catalyseurs », des personnes, des personnages, qui nous ont plus marqués que d’autres et qui pourraient symboliser à elles seules cet « Esprit ESSCA ».

Philippe Marchand fait partie de ceux-là pour les promotions à partir de 1995.

Aussi, ce fut un jour à la fois joyeux pour lui (bien que mâtiné d’un gros pincement au cœur) et triste pour ceux qui restent, quand il nous a appris qu’il prenait sa retraite cet automne.

L’occasion m’est donc donnée ici de revenir sur son parcours exemplaire et éclectique au sein de notre chère école.

 

Travelling arrière : Philippe Marchand sa vie, son œuvre…

Philippe Marchand est né à Alger en 1959. Il revient en métropole en 1961, à Angers, terre natale de sa mère.

Il y fait ses études secondaires au Lycée David d’Angers. Son bac en poche, il intègre la Faculté de Droit, d’Economie et de Gestion d’Angers et se spécialise en droit privé. Il en sortira titulaire d’un DESS en sciences et techniques procédurales.

L’enseignement l’attire naturellement. Il « sévira » tout d’abord et pendant de nombreuses années à la Faculté de Droit, d’Economie et de Gestion d’Angers.

En parallèle, il interviendra dans de nombreuses autres établissements, expériences qui lui apporteront une compréhension approfondie de la pédagogie. Ainsi, il partagera sa passion du Droit à l’ESA, l’UCO, l’UFR Esthua, l’ESPL, l’école des cadres du CHU d’Angers, l’IUT, Agro campus … Et hors de la capitale Andégave, seule Paris aura le privilège durant plusieurs années de bénéficier de son enseignement, l’ESCP précisément.

Ces expériences multiples ne l’empêcheront nullement de s’engager dans la voie ô combien difficile dans le cadre d’une vie professionnelle bouillonnante, que constitue l’écriture d’une thèse en vue de l’obtention d’un doctorat. Ce long chemin de recherche - soutenu par l’ESSCA – trouve son aboutissement en décembre 2000. A l’occasion d’une soutenance inoubliable de 3 heures, il défend avec force conviction son approche de « La notion de dol dans l’exécution du contrat en droit privé français », à laquelle il aura consacré plus de 500 pages, et qui lui vaut l’attribution de la mention « Très honorable ».

Doit on noter aussi que Philippe Marchand, féru du jeu d’échecs, a dirigé le club d’Echec d’Angers et remporté le championnat départemental du Maine et Loire en 1986 ! Il aura d’ailleurs organisé (trop rarement hélas) quelques parties simultanées à l’ESSCA pour le plus grand plaisir des étudiants ayant osé le provoquer !

 

L’ESSCA, plus de la moitié d’une vie… professionnelle

Philippe Marchand a intégré l’ESSCA en septembre 1995 en tant que chargé d’enseignement en Droit privé (notamment Introduction au Droit et Droit des obligations ).

Manifestement, il donne immédiatement satisfaction (pour ne pas dire qu’il « cartonne » déjà auprès des étudiants !), et dès septembre 1996, il est choisi pour succéder à Bernard Gauriau à la tête de la section Droit en qualité de professeur de Droit permanent.

Il poursuit son brillant parcours au sein de l’école en devenant à partir de 2002 Responsable du Pôle environnement de l’entreprise auquel il était rattaché. Parallèlement, il endosse de 2003 à 2006 l’habit de Titulaire de la Chaire d’économie sociale et solidaire, secteur qu’il découvre avec beaucoup de plaisir et de réussite.

En 2006, il devient le tout premier Doyen de la faculté de l’ESSCA (« J’ai soudainement pris un sacré coup de vieux » plaisante-t-il alors).

Deux ans plus tard, nouvelle évolution et il se voit proposer le poste de Directeur académique qu’il occupera jusqu’en 2016, assumant notamment la délicate mission de présider les jurys de passage. Dans le même temps, Catherine Leblanc, nouvellement nommée Directrice Générale de l’école, l’intègre au Comité de Direction.

En 2010, le service Vie étudiante lui est rattaché. C’est en particulier l’occasion d’une passionnante découverte « en profondeur » de la vie associative et de sa richesse, qui lui permet, selon ses propres dires, de comprendre alors ce qu’est un étudiant « dans sa globalité », et pas seulement en salle de cours.

Avec la création en 2016 des trois nouveaux campus (Aix-en-Provence, Bordeaux et Lyon), à laquelle il a étroitement collaboré, Philippe Marchand ôte sa casquette de Directeur académique pour prendre celle de Délégué Général à la Vie des campus, responsabilité qu’il assumera jusqu’au terme de sa carrière.

En cette qualité, il supervise l’activité de trois services centraux : le Centres d’Accompagnement Pédagogique, le Service Développement Durable/RSE et le Service Vie étudiante.

Il assure également, et depuis longtemps, certaines relations institutionnelles, de nature locale (mairie d’Angers, préfecture, Conseil de développement, UCO …) comme nationale (CGE, FESIC).

N’oublions pas non plus qu’il a été, durant ces 12 dernières années, en charge des relations de l’école avec la dynamique association des parents d’élèves, le CAPESSCA, et qu’il a représenté l’école pendant de nombreuses années au Conseil d’administration de notre Réseau. Précisons d’ailleurs ici que ses éclairages sur la vie interne de l’école et de son environnement, nous ont été fort précieux dans les évolutions récentes de notre organisation.

 

Mais alors, qu’est ce qui fait que Philippe Marchand soit devenu si populaire  ?

Même si sa modestie légendaire devait en souffrir, n’est-ce pas tout simplement parce qu’il est quelqu’un … d’extra-ordinaire ?

Tout d’abord, par son goût (amour ?) de l’enseignement. Même s’il a longtemps occupé des fonctions administratives, il a toujours tenu – avec acharnement - à continuer de donner des cours (« afin de toujours bien rester en contact avec mes troupes » n’a-t-il eu de cesse de répéter).

Ensuite, par la matière qu’il a enseigné : le Droit.

On le sait, cette matière est un épouvantail pour beaucoup d’étudiants. Pas « fun », ardue et exigeant un travail personnel particulièrement important. N’a-t-on pas coutume de dire que le Droit se paie en poids de boulot

Aussi, rendre attrayante une matière généralement jugée par trop aride par les étudiants d’écoles de commerce, tient de la gageure.

Pour autant, Philippe a réussi ce tour de force ! Comment ? En rendant la forme plus accessible, en simplifiant sans devenir simpliste, en contextualisant, en permettant de comprendre l’utilité pratique de la règle de droit, en agrémentant aussi ses cours de … plaisanteries ! On retiendra parmi d’autres, l’exemple de la fameuse « p’tite mamie », jaillissant subitement du tableau à partir de quelques traits de marqueur (voir l’illustration de la main de l’artiste lui-même) et dont la démarche pour le moins hétérodoxe sur la chaussée soulevait inlassablement des problèmes de responsabilité civile délictuelle, sur fondement de l’ex-article 1382 du code civil.

Ou encore, certaines expressions forces, venant ponctuer l’enchainement des paragraphe du cours. Vous vous souvenez sans doute  :

  • «  Ca chauffe devant les buts français, faut pas mollir » ;
  • ou encore, l’indémodable « A l’ESSCA, on n’a pas d’la guimauve dans les veine, on a le PEP’S ! ».
  • Et nous aussi, les Alumini, nous n’y avons pas échappé : « Alors, les « Anciens » toujours jeunes ?! »

 

Mais par-dessus tout, il nous semble que ce qui peut expliquer cette « popularité », c’est le véritable respect qu’il a toujours voué aux étudiants.

Maintenant, écoutons un peu Philippe Marchand

Philippe, quels sont les moments forts que vous retenez de vos années à l’ESSCA ?

C’est tellement difficile d’isoler deux ou trois souvenirs sur ces 25 ans de vie esscaienne, si riches et passées si vite ...

J’ai tant de souvenirs formidables, de moments forts en mémoire, avec les étudiants, les collègues, les parents, certains partenaires de l’école, ou encore conférenciers remarquables, et sans oublier … nos chers alumni ! Les Awards, quels moments exceptionnels !  …

Et si je devais tout de même donner un seul exemple de moment très fort que j’ai partagé, ce serait évidemment celui de l’événement le plus rassembleur de l’école  : la Mercuriale !

 

D’ailleurs, je salue au passage le travail remarquable accompli pendant plus de deux ans par Christian Anani et son équipe pour la Mercuriale 2020, qui ne pourra malheureusement pas avoir lieu en raison de l’épouvantable crise sanitaire que le monde traverse.

En regardant le chemin accompli, je considère que c’est une grande chance et un privilège d’avoir rencontré l’ESSCA sur mon parcours professionnel et d’avoir pu m’y arrêter. C’est une si belle Institution, tellement attachante, avec une histoire, une âme et dont je suis profondément fier ; elle m’a donné l’occasion de faire tant de belles rencontres.

Et d’être invité aussi à de biens jolis mariages d’anciens étudiants (attention, j’ai un bon coup de fourchettes !).

 

Quel est, Philippe, le secret d’un bon professeur ?

Permettre aux élèves de révéler leurs talents ; provoquer l’appétence, l’envie d’apprendre et de s’élever.

Pour cela, outre la maitrise de la matière, condition sine qua non, je suis convaincu qu’il faut travailler AVEC les étudiants dans le respect réciproque, l’exigence et l’écoute. Et puis, je crois aussi qu’il faut de l’affection pour les étudiants, oui, de l’affection.

Bien sûr, cette affection, cette bienveillance, cette écoute, ne sont nullement exclusives d’une indispensable autorité, dont le substrat est justement … le respect.

Il ne faut pas oublier également l’humilité.

Ce qui signifie notamment savoir reconnaitre une erreur vis-à-vis d’un élève. Ce n’est pas toujours facile, il faut l’admettre. Mais qui ne commet pas d’erreur ?

Après, chacun son style ; l’important, c’est que le courant passe avec l’auditoire. Me concernant, j’aurais tenté de ponctuer l’apprentissage des mystères de la règle de droit d’un peu de bonne humeur.

 

Pour conclure, quel est Philippe votre testament philosophique ?

Se respecter soi même et donc respecter les autres et son environnement.

Et puis, n’oublions jamais cette belle et profonde pensée de Saint Exupéry, plus d’actualité que jamais : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants  ».

 

Longue et belle vie à l’ESSCA, une école associative au service de ses étudiants et de la société, qui a su grandir pour acquérir une dimension internationale, en restant fidèle aux valeurs humanistes qui l’ont bâties. 

Je pars donc serein, et je sais qu’elle est entre de bonnes mains.

 

NDLR : une cagnotte est ouverte jusqu'au 31 octobre, si vous souhaitez y participer, suivez ce lien

Si vous souhaitez lui faire parvenir un témoignage pour le livre d'or que nous préparons, envoyez moi votre texte : patrick.bouillet@essca.fr 




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