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Et vogue la Gazelle !

28 avril 2020 Portrait de diplômés
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La période troublée que nous vivons peut également nous permettre de faire de belles rencontres qui permettent de raconter de belles histoires.

En tout cas, cette série de Newsletters « Spécial confinement » m’aura permis d’échanger avec de nombreux alumni aux parcours très divers, aux expériences variées et oeuvrant dans des domaines d’activité qui peuvent même sortir de l’ordinaire.

Aujourd’hui, je souhaiterai vous faire partager l’activité d’une de nos camarades de la promotion 94 : Marie Laure Besnié (Notteghem).

Son entreprise ? Un chantier Naval.
Sa localisation ? Chaudefonds sur Layon.

Son produit phare ? La Gazelle des Sables

Déjà le lieu d’activité interpelle mais pourquoi avoir créé un chantier naval à plus de 100 km de la mer ?



Propos recueillis par Patrick Bouillet

 

 


Marie Laure avant de rentrer dans le vif du sujet peux tu nous relater ton parcours après ta sortie de l’ESSCA ?

 

Je suis sortie de l’ESSCA en 1994 après un parcours « classique » avec une majeure « Marketing ». L’innovation a toujours été mon mantra et j’ai pu l’appliquer dans divers groupes de presse Premium puis dans le domaine de l’internet quand il est arrivé en France.

Il y a loin de l’univers des média à celui de la construction navale. Qu’est-ce qui explique ce changement radical d’orientation ?

Mon mari… et les valeurs communes que nous partageons depuis toujours.

Nous rêvions de nous investir dans une entreprise agissant dans le « réel » et nous permettant de produire un objet presque 100% Made in France apportant du bonheur à nos concitoyens tout en développant une activité nourrissant l’économie locale.

Passionné de « belle voile », architecte naval ingénieur des matériaux composites, en 2002, Patrick (NDLR : son mari) a souhaité me faire plaisir et me construire un petit bateau.

La 1ère Gazelle des Sables était née !

 

L’idée géniale ? Partir d’un plan de Thonier à voile de la côte Atlantique et en réduire les dimensions pour en faire un petit voilier familial, pratique et de taille suffisamment réduite pour limiter au maximum les contraintes liées traditionnellement à la plaisance.

Dès la première mise à l’eau, la « bouille » craquante de ce « faux » grand a enthousiasmé l’assistance. Pour les connaisseurs, c’est un peu le Mini J des bateaux de labeur mais qui peut emporter 2 personnes ou plus, selon les versions.

Devant le nombre d’acheteurs potentiels identifiés à chaque sortie, a germé rapidement dans notre esprit la construction en série de ce type de voiliers très atypiques… qui répondent parfaitement à une demande croissante de simplicité sans sacrifier au côté authentique ni à la sécurité.

 

Mais alors cette Gazelle des Sables, c’est quoi ?

Ce premier modèle mesure 2,70 m et grâce à différentes options et plans de voile (catboat, cotre et sloop aurique), il peut porter de 1 à 4 voiles, soit de 4 à 14 m2.

Malgré sa petite taille, c’est un quillard ballasté ( sa quille s’auto-remplit d’eau en navigation et s’auto-vide à terre, ce qui limite le poids une fois « au sec » et donc les manœuvres de mise à l’eau).

 

Cette architecture le rend auto-redressable et très difficile à faire chavirer : un vrai gage de sécurité.

Mais en plus, son faible tirant d’eau (NDLR : 45 cm !) lui permet de passer pratiquement partout et de se rapprocher très près du bord. Tout pour faciliter la vie du plaisancier à terre et pour s’amuser en mer mais aussi, sur les lacs et rivières.

Devant le succès de ce premier modèle et les demandes de notre clientèle, nous avons élargi la gamme. Nos bateaux vont désormais de l’annexe rigide (2,30 m) voilée ou non (4m2) à la Gazelle des Iles (3,90 m) pouvant porter jusqu’à 22m2 de toile selon les options.

 

Nous avons également une gamme de mini bateaux à moteur… électrique.

 

La ligne est unique et les dimensions sont réduites mais qu’est-ce qui vous différencie des autres chantiers navals, le prix ?

Les marins ont coutume de dire qu’un bateau, « C’est un trou dans l’eau dans lequel on met de l’argent ».

Pour contrer cet adage, nous avons souhaité proposer à notre clientèle une gamme de bateaux accessibles à partir de 1 800 €TTC départ chantier.

Mais chaque marin (d’eau de mer ou d’eau douce) est unique !

L’ensemble de notre gamme est ainsi personnalisable à l’infini en termes d’aménagement, de plan de voilure, d’équipement, de motorisation (ou non), etc.


Nous tenons tout particulièrement à ces échanges fréquents avec notre « client » qui devient vite une « relation » puis (souvent) un ami.

Notre carburant, c’est vraiment la « banane des propriétaires » quand ils prennent livraison de leur bateau et leurs retours (toujours positifs) après quelques heures de navigation.

Normal, chaque propriétaire est certain d’avoir le « canot’ » qui correspond précisément à son programme de navigation, à son budget et à ses goûts esthétiques !

Comment arrivez vous à offrir un tel choix à prix si réduit ?

En fait, y compris chez les grands chantiers, les constructeurs de bateaux restent souvent de « grands bricoleurs ».

Nous avons ainsi cherché à optimiser les coûts via une approche industrielle rigoureuse de la construction mais notre succès ne s’explique pas uniquement par des données techniques.

En fait tout repose sur notre philosophie originelle. Nous souhaitions construire des bateaux 100% made in France (puis made in Anjou), sans complication, privilégiant le confort sans sacrifier les sensations.

Fidèle à nos gènes d’innovation dans une logique RSE, nous avons été ainsi le premier chantier mondial à proposer (en option) dès 2008 de la fibre de lin au lieu de la fibre de verre.

Outre les qualités mécaniques et écologiques de cette fibre, elle simplifie le recyclage du bateau en fin de vie et la gestion des déchets, malheureusement volumineux dans cette industrie.

Toujours dans notre optique d’un impact environnemental aussi réduit que possible et de protection de nos salariés, nous avons opté pour une construction des pièces composites par injection de résine sous vide dans des moules fermés.

Cette technique permet d’ « enfermer » les COV (composés organiques volatiles) dans la coque durant la phase de durcissement de la résine et donc pas de les rejeter dans l’environnement ou dans les poumons de nos collaborateurs.

Cette dimension a pris une importance toute particulière dans la période que nous vivons : nos process de production anticipent les mesures de protection de nos compagnons (scaphandres autonomes à la place de masques, protections personnelles, bâtiments séparés pour chaque activité, etc…).

Nous avons pu éviter d’interrompre la chaine de production quotidienne, enrichie des nouvelles règles sanitaires sociales.

 

Vous faites référence à une production 100% locale, est-ce réellement le cas ?

Toute notre production est basée à Chaudefonds sur Layon sur notre site.

Bureau d’étude, tests, fabrication des coques, aménagements, nos infrastructures nous permettent de tout réaliser sur un seul site.

La particularité de notre métier réside en effet à regrouper de multiples natures de talents : Menuiserie, Serrurerie, Voilerie, Composite, Assemblage, Conception … à chacun son métier, à chacun son environnement de travail.

Notre sourcing poursuit également cet objectif.

Après, les contraintes de production nous obligent parfois à aller chercher les produits là où ils se trouvent. Le tissus à voile vient des Pays-Bas et est transformé dans l’Ouest. Les remorques arrivent d’Ardèche. Seuls les moteurs électriques et les pièces d’inox viennent d’Asie faute d’alternatives en France, mais nous restons fidèles à notre philosophie :

  • Protection de l’individu
  • Respect du site de production et de son environnement
  • Synergie des métiers
  • Solidarité sociale.

Une visite du chantier s’impose à tous les (futurs) acheteurs ou simplement passionnés de la construction navale !

 

Et du côté de la distribution ?

Notre mode de commercialisation « en direct » nous permet d’éviter les coûts induits par un réseau de distribution. Seuls les Pays Bas, pour des raisons historiques, ont un revendeur local. Ce mode de distribution nous permet ainsi de préserver nos marges tout en offrant un prix compétitif.

 

Parce que vous exportez ?

Oui, bien sûr ! Notre production de 50 à 60 bateaux par an est commercialisée de 20 à 30% à l’export en progression régulière.

Outre l’adaptation parfaite de l’architecture de notre nouvelle localisation à notre production, cette dimension internationale a été une des raisons majeures de l’abandon de notre site historique en Bretagne pour nous rapprocher des grands axes de circulation.

Nos clients peuvent ainsi plus facilement prendre livraison de leur bateau sur le chantier et les expéditions à l’étranger en sont facilitées.

 

Et le Covid alors ?

Maîtriser notre rythme de production annuel est un enjeu majeur de notre activité. C’est pourquoi, en janvier, à l’heure d’approvisionner nos matières premières, nous avons choisi d’anticiper les achats pour assurer la production même en cas de crise longue.

Ainsi, alors que la production nautique globale enregistre une fermeture de 80% des chantiers navals au début du mois d’Avril, notre activité reste normale.

Bien sûr nous avons dû faire face aux contraintes de 20% de nos 6 salariés, obligés de rester à la maison pour garder leurs enfants. Mais, surtout, l’ensemble des collaborateurs restant au travail s’est senti investi d’une mission « assurer la pérennité de l’entreprise ».  

C’est sans doute l’un des bénéfices de notre volonté de préserver l’humain au cœur de notre développement économique et de notre recrutement que nous avons souhaité avant tout local.

Vraiment ces deux sonars très forts nous montrent que nous avons réussi notre pari et sommes parfaitement intégrés dans le tissu économique et industriel local.

Seuls le show room et quelques bureaux ont été fermés pour respecter les injonctions du confinement.

Et pour cultiver notre philosophie, nous continuons à maintenir le contact avec notre communauté, sachant que nos clients sont nos meilleurs ambassadeurs, la ligne de nos bateaux nous suffisent à faire le reste…

 

Merci Marie Laure de nous avoir fait part de ton optimisme et de ta réussite et j’ai hâte de pouvoir venir réaliser un reportage « in situ » et essayer ces bateaux « coups de cœur » sur la Loire.

Retrouvez toute la gamme du chantier sur le site internet de "la Gazelle des Sables"

 

 

 

 

 




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